Origine

Publié le par Robert Zitoun

De quand date mon envie de partir vers Compostelle ? Mon plus lointain souvenir (est-il réel ou forgé par la suite ?) remonte au tout début des années 60 lorsque mes parents nous emmenaient, ma sœur et moi, le jeudi au Bazar de l'Hôtel de Ville ou à la Samar. Calés au fond de la Dauphine noire, nous n'apercevions à travers les vitres latérales que le haut des bâtiments de la rue de Rivoli. Et, ce clocher noir que je voyais sur ma gauche à l'approche du boulevard de Sébastopol semblait une anomalie de l'architecture au jeune enfant que j'étais. A quoi pouvait-il servir ainsi dépourvu d'église ?

 

 

Admirez sur cette photo de1867 la magnifique Tour Saint-Jacques couronnée par la statue de l'apôtre.

N'hésitez pas à cliquer et zoomer, la photo a beaucoup de piqué !

Une douzaine d'années plus tard, lisant le très documenté dictionnaire des rues de Paris de Jacques (!) Hillairet, j'appris qu'une église Saint-Jacques de la Boucherie avait été démolie en 1797 et que, seul, son clocher (The clocher !) avait été préservé. L'auteur, très érudit, ne fait aucune mention de pèlerinage au départ de ce lieu, mais le folklore, enjolivant exagérément la simple réalité, veut que des "millions" de pèlerins, ainsi qu'il est emphatiquement inscrit sur une plaque apposée au pied du clocher, en soient partis vers Compostelle. Qu'ils fussent des millions ou seulement des milliers, lorsque j'appris par la suite qu'ils partaient depuis le Moyen-Age vers cette destination, je fus fasciné. Comment pouvait-on aller, puis revenir, à pied, sans argent, sans Carte Bleue, sans plan, sans guide, sans Gore-Tex®, sans ibuprofène, sans GPS, sans portable, sans connaître aucun des 200 patois qu'ils entendraient dans les villages traversés, sans peur des routes coupe-gorge, sans rien quoi !?

Plus tard encore, vers 1990, un journaliste radio fit un bref reportage sur le pèlerinage de Compostelle qui reprenait alors vigueur. Enthousiasmé à son écoute, je proposais à Christine (mon épouse) de faire un jour ce pèlerinage, lorsque nous serions à la retraite, vers 2013. Elle adhéra au projet et nous entreprîmes quelques longues marches "pour voir". Mais la vie nous emmena vers d'autres horizons et le projet tomba aux oubliettes.

D'autant que Christine fut bientôt victime d'une terrible rupture d'anévrisme au cerveau qui l'a privée de beaucoup de ses facultés, physiques et intellectuelles. J'ai alors pris ma retraite aussi vite que possible et, avant de consacrer mon temps à aider ma femme, j'ai pris mon baluchon et je suis parti pour un aller-retour de 4 mois à Compostelle. Ce fut le premier d'un des multiples pèlerinages (plus ou moins païens) que j'ai entrepris...

 

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